La restauration scolaire est-elle en danger ?
Quels sont les obstacles auxquels les acteurs de terrain font face dans leur travail et qui pourraient mener les écoles à devoir renoncer au service de repas scolaire ?
Un manque de soutien, de coopération, d’ambition, de moyen et de motivation freine les progrès dans les cuisines scolaires.
Le premier obstacle rencontré sur le terrain concerne le manque d’engagement dans la concrétisation du changement. Il est grand temps de véritablement révolutionner les systèmes alimentaires des écoles, de proposer des cantines scolaires proches des élèves avec une offre alimentaire de top qualité pour tous. Une projection commune vers cette nouvelle réalité est un véritable atout pour une transition réussie.
La deuxième barrière est liée au manque de leadership éclairé dans le cadre scolaire. La notion de leadership éclairé est utilisée pour nommer un dirigeant qui a pris la mesure du défi qui l’attend, qui s’implique et s’engage en conséquence. Sur le terrain, trop nombreuses sont les directions qui n’osent pas s’engager lorsqu’un membre de l’équipe éducative ne désire pas suivre le mouvement. Pourtant, le pouvoir du changement ne peut être laissé entre les mains d’une seule personne.
Plus globalement, la problématique réside dans le principe de liberté intouchable. Cette croyance selon laquelle on ne peut rien imposer, ni aux écoles, ni aux équipes éducatives. Cette liberté a un côté très positif d’inclusion et de respect mais dans le cadre scolaire qui est un cadre pédagogique, la force de l’exemple est essentielle.
Il faut prendre en compte sa responsabilité en tant qu’adulte d’œuvrer pour le bien commun. L’alimentation dans le cadre scolaire doit redevenir une des missions de l’école !
Pourtant, à l’heure actuelle, un grand nombre de cuisiniers manque de motivation face aux nouveaux projets. Ils ne désirent pas s’impliquer et l’absentéisme est fréquent.
Nous relevons 4 causes principales :
La communication est défaillante sur le projet auprès de l’équipe et des familles.
La direction se doit de communiquer et partager les valeurs du projet au sein de l’école. Les nouvelles valeurs doivent faire partie intégrante du projet pédagogique de l’établissement scolaire.
Le manque d’opportunité d’évolution et de développement des compétences.
La conception et le développement de modules de formation adaptés à la réalité des écoles et des cuisiniers est fondamentale. Les formations revalorisent les cuisiniers et cuisinières, développent leurs compétences, leurs connaissances et stimulent leur plaisir de cuisiner ainsi que leur créativité.
Une rémunération trop faible.
La reconnaissance de la valeur du travail réalisé en cuisine est primordiale. Les cuisiniers dans les écoles jouent un rôle éducatif essentiel car ils ont l’opportunité de toucher l’ensemble des enfants scolarisés. Pour certains élèves il s’agit de la seule occasion d’expérimenter et de goûter une alimentation différente de celle proposée dans le cadre familial.
Une charge de travail inadéquate : trop lourde ou trop légère.
Le temps nécessaire afin que les cuisiniers travaillent dans de bonnes conditions doit être repensé. Une charge de travail trop élevée entraine des tâches démotivantes et dévalorisantes (ouverture de sachets et assemblage) mais une charge de travail trop légère mène à l’ennui, au désintérêt et à la perte de compétence.
Ces 4 causes de démotivation doivent être perçues comme des facteurs de reconnaissance et de motivation du personnel de cuisine. Les directions peuvent faire la différence en communiquant sur le projet, en offrant des possibilités d’évolution ainsi qu’une rémunération juste et une charge de travail adéquate.
La restauration scolaire est bien en danger car trop peu de personnes ont pris la mesure de son potentiel : éducation, lien social et droit à l’alimentation. Les fonctions de la cantine sont multiples et nous devons œuvrer pour le bien commun des générations futures.
Citoyens, parents, directions, cuisiniers, enseignants, professionnels de la cuisine scolaire, mobilisons-nous pour offrir le meilleur à nos enfants !
Cet article est un résumé du podcast sorti le 27/06/2022
Pour l’écouter en entier, c’est par ici